Dans le langage courant, nous prenons souvent l’habitude de créer des raccourcis. Dans certains cas, sans s’en rendre compte, cela peut avoir des conséquences graves pour notre santé ou nos comportements. Ces expressions simplifiées finissent par nous définir et nous stigmatiser pour longtemps. Comme si nous étions associés à ces expressions, comme si elles étaient une partie de nous-même. Nous utilisons parfois des formules comme « je suis dépressif » ou « je suis insomniaque » ou bien encore « je suis angoissé »… et ces dysfonctionnements, comme dans ces quelques exemples donnés finissent par gouverner toute notre vie. J’entends trop souvent ces formulations pour m’en inquiéter et constater qu’au fil du temps, nous nous définissons avec ces troubles. Ils sont devenues tout ou partie de notre identité. Comme s’ils étaient incarnés, considérés comme des êtres doubles à l’intérieur de nous-même. Même si nous souffrons de ces dysfonctionnements ou de ces pathologies, il est dangereux, à moins de le souhaiter inconsciemment, de nous approprier ces entités. Il est suffisamment difficile de s’en débarrasser, inutile de s’infliger une double peine ! Nous souffrons de la dépression, nous avons des troubles du sommeil, nous avons des périodes d’angoisse. Et cette façon d’exprimer nos troubles nous permettent de nous en dissocier, nous en détacher. Il s’agit là de les reconsidérer comme extérieurs à nous-même, venant perturber le bon fonctionnement de ce que nous sommes. Et notre inconscient ne s’y trompera pas. Lui qui a l’habitude de parler le plus simplement de monde, de considérer le mot comme la chose et d’envisager l’image comme réelle, il finira par ne plus se définir par l’intermédiaire de ces troubles. Il pourra les considérer comme ce qui sont vraiment : des parasites venant polluer notre bon fonctionnement.
Alors soyons vigilants et prenons soin de nous en utilisant les bonnes formulations.s